Edito: Kamikaze

La politique bruxelloise tremble. Le cdH a porté un coup fatal au gouvernement. Il n'y a plus de majorité. C'est une première à Bruxelles, après la crise gouvernementale avec Vic Anciaux en 1997.

Il n'est pas facile de prédire ce qui arrivera. Les Francophones devront former une nouvelle coalition, mais ils n'ont pas beaucoup le choix. Le PS est grillé, qui veut encore véritablement aller en mer avec ce parti ? Ils ont enchaîné les scandales. D'abord en Wallonie, puis à Bruxelles. Même les personnes qui suivaient la politique bruxelloise de près semblent tomber des nues.

Mais le cdH prend tout de même des risques. Les chrétiens-démocrates font ce que la président du SP.A, John Crombez, a fait il y a une semaine à un échelon bien plus bas, à la Ville de Bruxelles. Choisir les mains propres au lieu du pouvoir.

En faisant cela, le cdH prend un énorme risque. Si le MR et Défi ne les suivent pas, le cdH est fini. Leurs appels pour une politique honnête se trouveraient alors isolés. Et qui croira le cdH? Le parti a été au pouvoir pendant des dizaines d'années. Et sans doute que certaines choses feront surface pour prouver que le cdH n'a pas les mains si propres qu'ils veulent le faire croire aux électeurs.

En revanche, si les libéraux francophones (et Défi) acceptent la proposition de cdH, les chrétiens-démocrates auront l'occasion d'écrire l'histoire de leurs propres mains (propres).

Car si nous analysons ce qui s'est passé les mois passés, force est de constater que les mécanismes perfides du pouvoir sont avant tout présents au sein du PS. C'est dans ce parti que se trouvent la majorité des cumuleurs. Les gros sous allaient le plus souvent aux gens du PS. Les nominations politiques bénéficiaient surtout au PS.

Pour cette raison, la décision du président du cdH Benoît Lutgen pourrait être un moment-charnière dans la politique bruxelloise. Si le cdH mène à bien sa mission kamikaze et parvient à éliminer le PS des institutions bruxelloises, ce sera une véritable révolution politique. La PS a toujours été de la partie, et ce depuis la création de la région.

Mais si le PS reste au pouvoir, la nouvelle coalition devra tenter le tout pour le tout pour recouvrer sa crédibilité. Quoiqu'il advienne, le PS devra se résigner à rendre un peu de son pouvoir. Elle peut commencer à mener une politique propre, en espérant que les électeurs les croient. Mais le temps leur est compté. Car dans six mois, la campagne électorale commence.