"Logique qu'il y a plus de statuts d'artiste à Bruxelles"

"Il y a beaucoup d'artistes bruxellois qui bénéficient d'allocations de chômage", avait critiqué la N-VA vendredi. Le secteur est surpris par ces propos. "Il est tout de même logique que les artistes se rassemblent en un même lieu et recherchent la dynamique d'une grande ville? Surtout dans les domaines de la danse, de la performance et des arts plastiques, Bruxelles est internationalement connu, une force d'attraction qui crée d'ailleurs beaucoup d'emplois."

Bruxelles compte 3.391 personnes bénéficiant d'un statut d'artiste, plus que dans toute la Flandre, avait signalé le parlementaire N-VA Wouter Raskin vendredi. "Est-ce que ce sont vraiment tous des artistes?" Raskin plaide pour une rigidification des règles d'obtention du "statut d'artiste trop souple".

Leen Despiegelaere dirige le Réseau des Arts à Bruxelles (RAB). "Beaucoup d'artistes habitent à Bruxelles. C'est la seule ville en Belgique où coexistent deux scènes artistiques, qui commencent heureusement parfois à se confondre. Des écoles artistiques dans les deux langues, des troupes de danse, des galeries, ateliers, théâtres, etc. Grâce à la diversité de disciplines et d'infrastructures, Bruxelles tient plutôt la comparaison avec Paris et Londres."

''Beaucoup d'étudiants, après avoir fini leurs études, font de Bruxelles leur quartier général", nous raconte Despiegelaere. "Mais ils travaillent bien sûr parfois en Flandre, en Wallonie ou même à l'étranger. Ils y contribuent donc aussi."

"Beaucoup de villes envient notre milieu artistique"
"Des économistes comme Richard Floride et Gary Gates évoquent l'importance que joue la communauté artistique dans le développement urbain", dit Joris Janssens, chef des chercheurs de Kunstenpunt / Flanders Art Institute, une organisation qui stimule le développement de la musique, des arts plastiques et des arts de la scène en Flandre et à Bruxelles.

"D'un point de vue économique, ils plaident pour des investissements dans la production artistique. Il faut voir les artistes du côté positif, au lieu de les dépeindre uniquement comme des gratteurs de subsides."

''Les artistes veulent être ensemble et recherchent la dynamique urbaine", dit Janssens. "Surtout dans les domaines de la danse, de la performance et des arts plastiques, Bruxelles est de renommée mondiale. Des jeunes du monde entier viennent faire des auditions dans une école de danse comme PARTS."

Et beaucoup de villes nous envient cela. Les danseurs quittent de plus en plus souvent New York pour venir à Bruxelles, afin de continuer ou lancer leur carrière dans la danse ici. Les loyers sont plus élevés à New York, aussi pour les salles de répétition, ce qui rend la charge de travail plus élevé, et le gouvernement leur donne peu de soutien."

Les conditions pour obtenir le statut
Une étude récemment parue de l'Université de Gand concernant la position socio-économique de l'artiste flamand (lien uniquement en néerlandais, NDLR) montre que seuls 10 pourcents des répondants parviennent à vivre de leur art. Les autres combinent souvent les petits métiers ou travaillent en tant que free-lance, faisant appel au statut d'artiste-chômeur lorsqu'ils ne travaillent pas. "Mais ce n'est certainement pas la majorité", accentue Despiegelaere.

Pour les écrivains et illustrateurs, seuls 5 pourcents de leurs revenus annuels proviennent d'allocations de chômage. Pour les artistes du spectacle, le chiffre le plus élevé était de 19 pourcents.

"Chaque employé en Belgique doit travailler un certain nombre de jours pour avoir droit aux allocations de chômage, ce n'est pas différent pour les artistes. Il faut d'abord contribuer avant de pouvoir bénéficier du système de sécurité sociale", nous dit Servaas Le Compte, coordinateur de l'association de défense des artistes Artists united, qui offre également du soutien administratif aux artistes. "L'artiste doit avoir suffisamment gagné par le passé pour avoir accès aux allocations de chômage 'classiques' ".

En réalité, le "statut d'artiste" est une prolongation dans le temps de la tranche la plus élevée des allocations de chômage. "Mais pour cela, l'artiste doit avoir travaillé au moins 156 jours pendant les 18 derniers mois, dont au moins 104 jours dans des activités artistiques."