Menu

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni
SLT092025 Edouardo de la Faille SLT092025 Edouardo de la Faille

Sophie Soukias

Portret

Edouardo della Faille, artiste protéiforme: ‘Rien n’est plus beau que l’amour d’une mère’

Sophie Soukias
© BRUZZ
29/09/2025
Also in:
nl fr

Artiste chevronné, Edouardo della Faille s’apprête à fouler les planches du Théâtre National. Après des années à explorer danse, théâtre et écriture, il rejoint la nouvelle création de Clément Papachristou, une pièce aux accents de cabaret qui interroge justice et inclusivité. « Pour moi la scène, c’est avant tout le partage. »

Au cœur de l'occupation de La Monnaie en 2021, alors que des artistes, des travailleur·euses de la culture et des étudiant·es protestaient contre la gestion de la crise sanitaire, Edouardo della Faille s'adresse aux spectateur·ices rassemblé·es autour de lui : « Sans la culture, il n'y a que tristesse. »

Vêtu d'une grosse doudoune noire, pantalon et baskets assortis, affrontant le froid sur la scène montée devant le prestigieux opéra où on ne chantait plus, où on ne dansait plus, il lit un texte qu'il a préparé pour les jeunes, « pour leur redonner du courage, pour les motiver ». Le texte décline l'importance vitale de la culture et du rôle des artistes dans le bien-être d'une société.

Alors qu'il nous rappelle cet épisode, il porte la main à son cou et mime la suffocation. « Pendant le confinement, il n'y avait que des ordres, des interdictions, et partout la police. C'était comme suffoquer. » Puis il sort son smartphone et fait écouter un morceau de la comédie musicale L'Anneau de Sémiramis de la Compagnie L'Enfant des Étoiles, dans laquelle il a joué à ses débuts : « Fini le silence, enfin libre, j'avance, on ne peut m'empêcher de parler. »

Faire à sa sauce

Cette soif de liberté traverse l'ensemble de son travail. « La danse et le théâtre sont des lieux où l'on a l'habitude de recevoir beaucoup d'ordres. Je navigue comme je peux entre tout cela, en essayant au maximum de faire à ma sauce, de mettre ma touche », explique-t-il. L'écriture de ses propres textes et le fait de remplir ses carnets constituent pour lui un espace de liberté totale. Il retrouve cette liberté lorsqu'il dessine et colorie, notamment dans le cadre des Ateliers Indigo à Etterbeek, qui accueillent des artistes en situation de handicap.

Artiste depuis l'enfance, Edouardo della Faille, né à Bruxelles en avril 1987 – « Je précise que j'étais le plus beau bébé de la maternité » (grand sourire) – franchit véritablement le pas de la scène après avoir regardé l'émission Un Jour, Un Destin sur France 2, retraçant le parcours fabuleux d'artistes et autres personnalités. « Je ne sais pas comment vous expliquer, mais l'émission m'a donné envie d'aller vers les autres, de connaître les autres », confie-t-il. « Pour moi la scène, c'est avant tout le partage. » Depuis, il se déploie en écriture, dessin, danse et théâtre.

En 2014, il participe au spectacle Univers singuliers de la Compagnie Mouvements sans frontières, dirigée par Frédérique Joye. Mais c'est au Créahmbxl, où il danse depuis 11 ans, qu'il devient un artiste phare. La structure produit et diffuse des spectacles avec des personnes en situation de handicap. Sous la direction chorégraphique de Joëlle Chabanov, il joue dans Rencontres et Moi (2017) et dans Connexions, ce dernier spectacle lui permettant de se produire au Festival Off d'Avignon en 2023.

Narrateur né

Edouardo della Faille se prépare à investir la scène du Théâtre National. Il répète pour Justices, le nouveau spectacle de Clément Papachristou (Une tentative presque comme une autre, La Grotte ), une réécriture de la Divine Comédie de Dante. Entre cabaret, chanson française et performance interactive, la pièce interroge la justice et l'inclusion des personnes porteuses du syndrome de Down. Aux côtés de Guillaume Paps et Noémie Zurletti, Edouardo interprète plusieurs personnages, dont celui du narrateur, son rôle préféré.

Parallèlement, il prépare avec le Créahmbxl un nouveau spectacle, Mon amour, pour quatre danseurs. L'amour, confie-t-il, est « très important » dans sa vie. Il sort de nouveau son téléphone pour faire écouter un autre extrait de L'Anneau de Sémiramis : « Rien. Oh, non. Rien n'est pire que d'oublier d'aimer. » Edouardo sourit et ajoute : « Rien n'est plus beau que l'amour d'une mère. Ou de sa petite amie. Je sais que je suis amoureux quand ce sentiment est encore plus fort que l'envie de faire du théâtre ou de la danse, et que j'ai l'impression que je pourrais tout plaquer par amour. »

Pour Edouardo della Faille, sans culture, il n'y a que tristesse… mais sans amour, c'est peut-être pire encore.