Ilona: après la pluie... vient le rire

Si vous connaissez Ilona, alias Ilona Dufrêne, vous connaissez son timbre éraillé. La voix rauque de cette jeune humoriste au visage d’ange (méfiez-vous des apparences) s’impose sur les scènes des clubs de stand-up bruxellois, notamment lors de son rendez-vous mensuel au Petit Kings à Saint-Gilles.

Vous l’avez peut-être aussi découverte sur le plateau de Comme à la maison de GuiHome sur la RTBF, ou à l’antenne de Tipik ou de BX1. Récemment, son écho a franchi les frontières, atteignant Paris, Lille, mais aussi la Suisse et le Canada. En mars dernier, elle remportait le prix du concours des jeunes talents au festival Namur is a Joke.

Son humour, aussi décapant qu’introspectif, percute par sa sincérité brute, relevée de quelques touches de trash. Ilona séduit autant par son grain de voix — qu’elle attribue à une mère qui n’a jamais lâché la cigarette pendant sa grossesse — que par sa capacité à transformer ses échecs en matière comique, grâce à une autodérision qui remonte à ses premiers mots. « Faire rire, c’était ma façon de me connecter aux autres quand j’étais enfant », confie-t-elle.

Son spectacle Grave ne fait pas seulement allusion à l’état de ses cordes vocales mais aussi à la gravité de son parcours universitaire, pour le moins chaotique. « T’es grave, qu’est-ce que tu vas faire de ta vie ? », lui a-t-on souvent demandé. Petite, elle rêvait de devenir voleuse professionnelle, avant de se lancer dans des études de droit à l’ULB, espérant suivre les traces de son père, avocat, dont elle admirait la théâtralité des plaidoiries. Après deux années d’échecs, elle enchaîne avec « une après-midi en langues et littérature », puis deux mois en communication, des tentatives pour entrer à l’INSAS et à l’IAD, deux années en biologie, et enfin un essai raté en radio. Sans filtre, elle raconte ses galères avec un pseudo-détachement qui fait sa marque de fabrique.

Ilona jette également un regard sceptique sur son passage dans une école à pédagogie active et évoque abondement sa famille, une cellule déchirée qu’elle n’hésite pas à décrire comme « éclatée au sol ». Si elle se livre à cœur ouvert sur ce qu’elle ne qualifie plus de défaites mais bien d’« expériences de vie », son ode à l’échec ne vire jamais à la thérapie. Pour elle, l’humour n’est pas une catharsis, c’est son métier. Un gagne-pain qu’elle a cherché longtemps, et qu’elle a finalement trouvé. Pour notre plus grand bonheur.

GRAVE 15/11, L’Os à Moelle, osamoelle.be & 28/11, Petit Kings, lekings.be