La Churrasqueira Portugalia: le bifana bruxellois bon et pas cher

Sandwich populaire portugais, le bifana marie porc mariné et pain croustillant dans une recette aussi brute qu’authentique. À Bruxelles, cinq adresses discrètes perpétuent cette tradition ouvrière. La Churrasqueira Portugalia s’impose comme la référence en matière de rapport qualité-prix.

Dans le foisonnement des cuisines lisboètes, un sandwich modeste passe souvent inaperçu. Pas du tout Instagrammable car beige, sec et sans garniture séduisante, le bifana est pourtant un marqueur de la gastronomie populaire portugaise. Un mets coriace, au sens propre comme au figuré.

Né dans les années soixante à Vendas Novas, ce sandwich ouvrier trouve son origine le long de la nationale EN4. L’idée : nourrir vite et bien. Fines tranches de porc – jarret ou alcatra – marinées dans du vin blanc, de l’ail, du laurier et du paprika, puis saisies dans du saindoux avant d’être glissées, encore juteuses, dans un papo seco : petit pain blanc traditionnel, croustillant à l’extérieur, moelleux dedans.

En guise de garniture : un filet de moutarde industrielle ou quelques gouttes de piri-piri, selon le goût. Le bifana est un sandwich sans concession : la viande résiste sous la dent, le plaisir est brut. À Lisbonne, des sanctuaires comme As Bifanas do Afonso ou O Triângulo da Ribeira perpétuent cette précieuse tradition.

Le moins cher de la capitale

À Bruxelles, cette spécialité reste discrète mais visible, notamment dans quelques cafés portugais du côté de la place Flagey, proposée entre 4 et 6 euros. Une rareté à l’heure où le menu ouvrier a presque disparu. Parmi ces adresses, la Churrasqueira Portugalia, près de la Porte de Halle, propose sans doute le bifana le moins cher de la capitale : 4 euros

Ici, la version est brute : la viande marinée est saisie à proximité des braises, dans la continuité des grillades préparées en cuisine. Vin blanc, ail et herbes imprègnent la chair, à la texture rustique, tandis que le pain croustillant – un papo seco préparé maison, si l’on en croit les photos de la page Facebook de l’établissement, retient le jus sans se détremper.

Servi à emporter ou sur la petite terrasse, ce bifana perpétue l’esprit simple et sans façon du sandwich. Ouvert depuis dix ans, l’établissement prévoit de s’étendre prochainement dans le local voisin, autrefois occupé par le Smala. En parallèle, Portugalia décline son savoir-faire : porc noir, tomahawk, cochon de lait, morue grillée. Dans cette churrascaria discrète, le bifana se déguste comme une valeur sûre : rugueux comme il se doit, sans fioriture et impeccablement exécuté.

Encore plus de bifanas

1. Brésil

À côté de ce supermarché portugais et brésilien se cache un petit salon de thé où l’on sert des bifanas à 5 euros. Le choix est laissé entre baguette et papo seco, ce dernier étant nettement préférable. La viande, simple mais savoureuse, est relevée par une généreuse dose de moutarde. Longtemps animé par un couple portugais au charme indéniable, le lieu est désormais repris par une équipe brésilienne. Le bifana reste bon, même si l’ambiance a un peu changé.

Luso Loja •••
Chaussée de Louvain 251, Saint-Josse-ten-Noode, Facebook: Luso Loja

2. Imbibé

Derrière la façade banale de ce café de quartier, quelques détails laissent deviner l’influence portugaise, à l’instar des ardoises Super Bock. Le chef en veste blanche signe une carte assez longue et appliquée. Le bifana, servi dans une baguette (6 euros), convainc par sa viande marinée maison et son pain généreusement imbibé du jus de cuisson. Le chorizo grillé, moelleux et goûteux, complète le tableau. Pas de fioritures ici, mais une simplicité assumée.

Le Lisbonne •••
Chaussée de Wavre 1050, Auderghem, lelisbonne.com

3. Expédié

Cadre chaleureux : photos du quartier, ambiance de stade, serveur souriant. La cantine respire l’authenticité populaire avec ses plats simples mais cuisinés. Hélas, le bifana da casa avec du fromage (7 euros) déçoit : viande sèche, pain élastique, absence du jus de cuisson qui fait le cœur du sandwich. Un emblème portugais ici relégué au rang d’option rapide.

Café Portugal ••
Avenue de la Couronne 106, Ixelles, cafe-portugal.be

4. Chaleur

Un drapeau portugais au mur, un comptoir à six places ponctué d’œufs durs et de croissants, ainsi que deux écrans de télé au mur : 24 Horas est une adresse d’habitués. Le bifana au fromage, préparé minute dans une cuisine d’appoint, est servi à 5 euros. Papo seco en bonne et due forme, viande légèrement coriace et moutarde en libre-service : un moment rustique mais chaleureux. À accompagner d’un Orval, puisqu’il y en a.

24 Horas •••
Rue Gray 310, Ixelles, Instagram: 24 Horas Ixelles