Dernière chronique La Morrigasme: 'Mon souhait ? Une vie sans stigmatisation'

'Si c'est l'exploitation humaine que vous souhaitez combattre, vous pouvez le faire en vous alliant avec les TDS et non contre celleux-ci, en écoutant ce qu'iels ont à dire et en les incluant dans tout débat public qui les concerne.' C'est ce qu'écrit La Morrigasme, performeuse érotique, dans sa dernière chronique pour BRUZZ.

Cette chronique est la dernière que j'écris pour BRUZZ. Il serait donc logique que je termine cette aventure avec une conclusion. Mais une conclusion est-elle possible ?

Je ne vois pas de conclusion à ce stade.

Les sujets abordés au sein de ces chroniques sont si vastes que j'ai le sentiment de ne les avoir effleurés que du bout des doigts et que je n'aurais pas assez d'une vie pour les explorer. Dans les pages de BRUZZ, j'ai parlé de rapports hommes/femmes, de consentement, de misère sexuelle, de rapport à son corps, de BDSM, de couple, d'objectification, de violences physiques et psychologiques, d'amour, etc... mais il y a encore tant à écrire.

Je rappelle encore une fois que ces récits ne sont représentatifs que d'une infime fraction de mon expérience personnelle et que celle-ci n'est qu'un grain de poussière dans la multitude de vécus de travailleur·euses du sexe et autres artisan·es de l'érotisme sous toutes ses formes.

Ces travailleur·euses vivent partout autour de vous et avec vous. La hausse du coût de la vie pousse de plus en plus de personnes vers ces sources de revenus, même occasionnellement. Il est très probable que l'un·e d'entre nous fasse partie de votre entourage. Vous êtes très certainement un·e de nos client·es également, même si vous ne vous reconnaissez pas comme tel·le. Peut-être n'avez-vous jamais visité de prostitué·e de votre vie et que votre seul contact avec une strip-teaseuse était l'affaire d'une bachelor party d'un cousin. Cependant, au vu de la consommation massive de contenu pornographique sur internet, je ne prends pas de risque en présumant que la majorité de mes lecteurs a déjà consommé ce contenu, ne serait-ce qu'une fois dans leur vie.

Nous sommes là pour combler vos manques et vous faire rêver.

Le sexe, la sensualité, le désir...ont toujours fait partie de l'existence humaine. Ils traversent les arts et les époques. Il est cependant tellement étrange que celleux qui les monnaient soient si stigmatisé·es.

Je ne demande à personne d'être d'accord avec moi. En revanche, j'aspire à une vie sans crainte de violences dues à la stigmatisation. Si c'est l'exploitation humaine que vous souhaitez combattre, vous pouvez le faire en vous alliant avec les TDS et non contre celleux-ci, en écoutant ce qu'iels ont à dire et en les incluant dans tout débat public qui les concerne. Vous pouvez soutenir des associations par et pour les TDS comme UTSOPI, l'union belge des travailleur·euses du sexe.

Vous pouvez lire des ouvrages rédigés par des concerné·es, consommer du contenu produit éthiquement par des TDS ou par des productions les respectant (et cela peut signifier accepter de payer pour regarder du porno) et vous renseigner sur ces sujets. UTSOPI, par exemple, propose une liste de ressources en néerlandais, français et anglais.

Dans les bouches "Salope" est encore prononcé comme une insulte. Pour moi, "Salope" rime avec "Affranchissement".

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de m'écrire afin de me faire part de leur ressenti à la lecture de mes chroniques. Vos messages sont précieux. Ces chroniques ont également été l’occasion de rencontres enrichissantes avec des artistes et chercheuses* inspirantes. Je remercie BRUZZ d'être venu me chercher pour m'accueillir dans ses pages le temps d'un semestre.