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Saskia Vanderstichele

Dagboek sekswerker

La Morrigasme: 'Not your Pretty Woman'

La Morrigasme
© BRUZZ
20/06/2025
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"La lutte contre l'exploitation humaine est un combat juste mais elle doit viser précisément les situations d'exploitation et non diaboliser et précariser tout un secteur et ses travailleur·euses." C'est ce qu'écrit La Morrigasm, travailleuse du sexe, dans une nouvelle chronique pour BRUZZ.

"Tu es trop intelligente pour faire ce métier", "Tu mériterais de travailler dans un bureau" et bien sûr "Je vais te sortir de là" sont des phrases que j'entends de la bouche de mes clients au moins une fois par nuit lorsque je travaille en strip-club.

Du côté des associations "féministes" abolitionnistes, elles jugent qu'il faut interdire toute forme de travail du sexe et que celui-ci doit disparaitre de la surface de la Terre car il concerne en majorité des femmes, précaires, immigrées, voire sans papiers qui sont exploitées contre leur gré.

Dans les deux cas, une posture de "sauveur" face à de pauvres filles forcément victimes.

S'opposer à la traite d'êtres humains et à toute forme d'exploitation est une évidence. Qu'il y ait des personnes vulnérables et exploitées dans des réseaux de travail du sexe, personne ne le nie.

Oui, dans des strip-clubs j'ai eu des collègues sans papiers. Pour elles, ce travail était une solution.

Cependant, savez-vous où j'ai également croisé des travailleur·euses en situation irrégulière et exploité·es ? Dans le milieu des femmes (et hommes) de ménage, dans l'horeca, sur des chantiers de construction... Et n'oublions pas que la majorité des vêtements que nous achetons en magasin sont issus de l'exploitation humaine. Étrangement, pour ces secteurs, les défenseurs des droits humains se battent précisément contre l'exploitation au sein de ces secteurs et non contre l'existence du secteur tout entier. Je n'ai jamais rencontré d'association abolitionniste se battant pour l'interdiction pure et dure des services de ménage, des restaurants, de la construction de bâtiments ou de la production de vêtements.

Les femmes de ménage, parlons-en justement. À partir de mes seize ans, j'ai travaillé pendant des années dans ce secteur. J'ai nettoyé chez des particuliers, dans des bureaux, dans une maison médicale, dans le secteur industriel et même dans un casino ! Très jeune, j'ai été habitué·e à exercer une activité jugée « honteuse » et méprisée dans la société et pourtant, c'était un travail que j'ai effectué avec fierté et dignité. Aussi digne que je pouvais l'être, je n'en étais pas moins confronté·e à un métier épuisant qui casse le dos et les articulations, sans parler de l'impact sur la santé de l'inhalation de produits de nettoyage. Parmi mes collègues plus âgées (majoritairement des femmes immigrées, précaires voire sans papiers) aucune n'était épargnée par les problèmes de dos. Je sais ce que c'est de "vendre son corps". Et pourtant, aucune association ne prétendait venir nous sauver en abolissant le "travail du ménage".

"Personne ne rêve d'être TDS" disent-elles. "Personne ne rêve d'être femme de ménage non plus" je réponds. Et pourtant, ces deux métiers je les ai choisis moi-même, faute d'alternative plus intéressante ou accessible à ce moment et parce qu'il faut bien gagner sa vie. Cela ne m'a jamais empêché·e d'aller au travail avec le sourire et la bonne humeur.

Oui, dans des strip-clubs j'ai eu des collègues sans papiers. Pour elles, ce travail était une solution. Faute de leur assurer un contrat, le club leur fournissait un logement, une source de revenus et leur permettait d’échapper à la rue, de survivre et même de mettre de l'argent de côté le temps de régulariser leur situation.

Je n'ai jamais été sans-papier, c'est un privilège que j'ai. En revanche, je sais ce que c'est que d'être isolé·e et dans l'urgence financière. Pour elles, comme pour moi, le travail du sexe, comme tout travail, a été, et est toujours, une solution.

La lutte contre l'exploitation humaine est un combat juste mais elle doit viser précisément les situations d'exploitation et non diaboliser et précariser tout un secteur et ses travailleur·euses.

Column La Morrigasme

De erotische performer, paaldansdocent en domina La Morrigasme deelt om de twee weken een dagboekfragment. Daarin deelt die gedachten die voortkomen uit hun omzwervingen in de wereld van sekswerk.