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Saskia Vanderstichele

Dagboek sekswerker

La Morrigasme: ‘ Ne me parlez pas d'objectification’

La Morrigasme
23/05/2025
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'Les critiques que je reçois sur mon métier ne sont jamais constructives.' C'est ce qu'écrit La Morrigasme dans sa nouvelle chronique pour BRUZZ. La Morrigasme est travailleuse du sexe à Bruxelles.

On me demande souvent comment je gère les critiques sur mon activité. Étant donné que j'utilise mon corps au service de mon art, généralement les gens ne font pas la distinction entre mon activité et ma personne. Est-ce d'autant plus difficile à encaisser ? Non.

Car les critiques que je reçois sur mon métier ne sont jamais constructives. Généralement, le seul argument avancé est « l'objectification de la femme ». Or quand je demande aux personnes de définir ce que signifie cette expression, elles en sont incapables. Si le terme « objectification » est prononcé comme un mot creux et vide de sens, le débat d'idées est tout simplement impossible.

Pourtant dans ma vie, j'ai souvent été réduit·e au rang d'objet. Le summum de mon expérience « d'objectification » est quand j'ai été drogué·e à mon insu par un collègue à un after-work, alors que j'étais un·e étudiant·e de 22 ans (rien à voir avec le travail du sexe). Rassurez-vous, il ne s'est rien passé de « grave » ce jour-là mais le traumatisme d'avoir été réduit·e au rang d'objet inanimé et totalement soumis au bon vouloir d'autrui ne m'a jamais quitté·e. Les cas du « Procès de Mazan » ou de la page « Balance ton bar » sont des exemples qui montrent que mon expérience est loin d'être isolée.

Je vous pose la question : feriez-vous votre travail actuel sans être rémunéré ?

Sans aller jusqu'à l'objet inconscient, je me suis souvent sentie « objectifié·e » quand je devais m'effacer corps et âme derrière un uniforme pour travailler pour de grandes entreprises, que je devais renier mes valeurs et que je servais de défouloir à la frustration des clients dans les télécommunications ou l'horeca.

Lorsque je monte sur scène, je suis sujet et non objet. En tant qu'artiste (car oui, les strip-teaseur·euses sont des artistes), tout ce que j'apporte sur scène provient de ma singularité, ce sont mes émotions qui me guident. Lorsque je suis sur scène, je ne suis pas observé·e à mon insu : le regard est un pacte. Je l'accorde, je le guide, je le provoque mais je le choisis. Je dirais même que je suis « puissamment sujet ».

Quand on me dit que je dégrade l'image de « LA » femme, j'aimerais rappeler que « la femme » au singulier n'existe pas. Nous sommes multiples, nous avons chacune nos désirs et le fait d'exprimer les miens ne constitue en rien une généralité pour toutes les femmes .

Cependant, je ne voudrais pas non plus me voiler la face. La scène n'a jamais été pour moi « juste un espace d'expression artistique ».

Soyons réalistes, j'ai un loyer à payer et mon estomac à nourrir. Comme dans tout job, la scène, c'est-à-dire le travail de mon corps, a toujours été une source de revenus.

«Outils d'expression artistique » et «source de revenus » ont toujours été indissociables l'un de l'autre. Je n'y vois pourtant aucune contradiction.

La question de l'argent rentre beaucoup en jeu dans les débats sur mon métier. Ce ne serait pas aussi honteux, me dit-on, si je ne me faisais pas payer. J'ai du mal à comprendre. Personnellement je me sens extrêmement privilégié·e et chanceux·se de vivre uniquement de mon art. J'oserais même dire que c'était le plus grand rêve de ma vie et que je l'ai réalisé.

Je vous pose la question : feriez-vous votre travail actuel sans être rémunéré?

Et dites-moi, pourquoi serait-il plus noble de vendre son temps à une entreprise que de vendre du frisson sur scène ?

Column La Morrigasme

De erotische performer, paaldansdocent en domina La Morrigasme deelt om de twee weken een dagboekfragment. Daarin deelt die gedachten die voortkomen uit hun omzwervingen in de wereld van sekswerk.