Review
Score: 3 op 5

'Perfect Day' : un spectacle frontal qui fait parler les rides

Gilles Bechet
14/12/2022

Après 60 ans, beaucoup de femmes vivent des bouleversements, dans leur corps, dans leur famille et dans le regard des autres. Dans le spectacle ‘Perfect Day’ qui se joue en ce moment au Rideau, Marie, incarnée par la touchante et drôle Hélène Theunissen, ne veut croire à l’éternité, ni à la dernière fois.

Marie est un nez pour une grande marque de parfum. Marie a 64 ans et elle se demande pourquoi quand on vieillit on commence à sentir mauvais. Sa sensibilité olfactive est mise à rude épreuve par l’odeur qui la saisit par les narines dès qu’elle entre chez sa vieille mère, qu’elle adore pourtant.

On est loin des fragrances de cèdre et de jasmin qu’elle échantillonne pour créer un nouveau parfum pour les femmes de son âge. Ce sera sa dernière création. Il faut dire qu’elle arrive à un âge où elle voit se profiler beaucoup de dernières fois. A 64 ans, Marie voit son corps vieillir, elle ne voit plus que les rides, les bourrelets de cellulite, alors que sa patronne lui dit qu’elle n’a qu’à s’en prendre à elle, elle n’avait qu’à investir dans son corps.

Écriture cash
Perfect Day est un seul en scène d’Hélène Theunissen que Geneviève Damas lui a écrit sur mesure. Une fiction intime qui s’empare dans une écriture cash, entre pudeur, lucidité et humour désabusé, des questionnements d’une femme de 60 ans sur le corps, sur le désir et la sexualité, sur la filiation et sur le regard des autres.

Quand on prend de l’âge, on prend aussi des souvenirs avec soi et ils prennent de la place. Marie se raconte par touches impressionnistes, se réjouit d’une journée passée avec sa maman, décalée par l’Alzheimer, à Coxyde, s’amuse de la nouvelle conquête de sa fille, un homme d’un âge déjà certain.

Dans ce monologue entre passé et présent, les thématiques se mêlent comme les composantes d’un parfum. La mise en scène frontale et assez statique met l’accent sur le texte et sur le jeu sensible de la comédienne qui se dédouble parfois dans le miroir d’une image filmée.

Le cadreur anonyme qui la vise de son objectif devenant un partenaire de jeu masculin, en creux. Marie ne croit à l’éternité de rien. Elle veut croquer la vie comme la première fois et la savourer comme si c’était la dernière. Dans cette guerre de destruction qu’est la vieillesse, elle veut d’abord penser au présent pour qu’une journée au moins soit une journée parfaite.

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