Une belge histoire d’amour: les albums photo retrouvés de Paul et Sylvie

Des albums photo retrouvés sur une brocante dévoilent des moments de bonheur d’un couple belge dont on ne sait pas grand-chose. La galerie L’Enfant Sauvage leur consacre une exposition.

Il s’appelait Paul. Elle s’appelait Sylvie. Ils se sont aimés. Entre les années trente et les années soixante, ils se sont photographiés pour documenter leurs moments de bonheur. Ils aimaient voyager dans les pays et villes proches.

On peut supposer qu’ils n’avaient pas d’enfants. On ne sait pas quelle était leur vie en dehors de ces moments figés sur pellicule, ce qui les rend plus universels. Dans ces silhouettes, ces sourires extirpés du passé, chacun peut y glisser des parents, des proches.

C’est au détour d’une brocante que Pauline Caplet, fondatrice de l’espace photographique L’Enfant Sauvage et Paul de La Marandais, commissaire d’exposition, ont fait la découverte d’une pile de vieux albums photo aux trésors inattendus.

« Ce qui m’a attirée et émue, c’est de les voir vieillir ensemble, d’album en album. Les images sont aussi de belle qualité. Parfois, elles sont même colorisées à la main », précise Pauline. Souvent, ils se photographiaient l’un l’autre sous le même angle et dans le même décor.

Nostalgie quand tu nous tiens

« De ces photos, il se dégage une impression de liberté et de légèreté. Sur un quai de gare, ils ont du temps à perdre, ils se prennent en photo », ajoute Paul. Passionnée par les photographies d’archive, Pauline a décidé de les valoriser dans un projet parallèle Le petit bureau des archives.

« Il y a dans ces photos une forme de nostalgie qui parle au public. Ça crée de l’attachement. On a besoin de ce genre de sujet », estime-t-elle. Qui n’a pas dans une armoire ou un grenier des albums photo avec des images de moments heureux partagés ? Ça peut se passer en 1930 ou en 2030. Rien n’a changé.

Dans une vie résumée en quelques centaines de clichés, il y a forcément des vides. Et des questions. Souvent sans réponses. « La personne qui nous a vendu les albums n’était pas de la famille. Il ne les connaissait pas et on n’a pas cherché à en savoir plus », reprend Paul. Dans les albums, certaines photos sont légendées, portent une date. Pas toutes. Des photos manquent. Parfois plusieurs par page, parfois une seule.

« Il faut accepter qu’on ne sait pas tout. C’est ça qui est beau. On ne sait pas pourquoi cette photo-là manque, peut-être est-ce volontaire, peut-être est-ce un accident du temps. » Il y a d’autres vides, la période de la guerre par exemple. Rien n’apparaît entre 1939 et 1950. Sans explications.

En examinant attentivement les photos, on peut déduire certains éléments. C’est sans doute Paul qui était photographe et qui confiait l’appareil photo à son épouse pour qu’elle réciproque certains portraits. C’était un bon photographe. Il apporte beaucoup de soin aux images. Elles sont bien cadrées, bien exposées.

Parmi les gens qui viendront voir l’exposition, peut-être qu’une personne reconnaîtra une personne ou un des lieux pris en photo. « C’est un projet qui n’est pas clôturé. Il va sans doute évoluer, j’aimerais en faire un livre. » Pauline a aussi le vague espoir d’un jour découvrir d’autres albums de Paul et Sylvie, avec d’autres moments. D’autres mystères.

L’exposition Paul & Sylvie - 'A Belgian Love Story (1930s / 1960s)' est à voir du 6/6 au 20/7 à L’Enfant Sauvage, enfantsauvagebxl.com