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Interview

Camille Yembe à Couleur Café: ‘Ma culture musicale s’est construite avec The X-Factor’

Nicolas Alsteen
© BRUZZ
23/06/2025

Kwabena Sekyi Appiah

Qui est Camille Yembe?

  • Elle quitte en 2014 le foyer familial, forcée de prendre son indépendance
  • Elle rencontre en 2015 à Kinshasa le rappeur bruxellois Gandhi
  • En 2023, elle collabore avec Damso et Eva Queen. Elle délaisse son job de standardiste l’année suivante
  • Le 6 juin 2025, sort Plastique, son tout premier EP

Adoubée par Stromae, validée par Damso, la voix de Camille Yembe chante la vie sans fard. Authentique, atypique, l’artiste bruxelloise se dévoile à travers les morceaux de Plastique, un premier EP gorgé de soleil et de mélodies XXL. À découvrir cet été à l’affiche de Couleur Café, en solo et avec Niveau4. « Dans ma vie, j’ai souvent craint d’être jugée ou incomprise. »

Nouveau visage de la pop, Camille Yembe s’est longtemps planquée derrière les autres. Parolière pour Tiakola, Stéfi Celma ou Eva Queen, l’artiste belgo-congolaise met désormais ses mots au service de chansons personnelles, ambitieuses et totalement décomplexées. Gravées sous la pochette du EP Plastique, ses mélodies témoignent d’un parcours de vie complexe et d’une insatiable envie de réussite. À 28 ans, Camille Yembe retrace son itinéraire : une route qui mène vers les sommets.

As-tu grandi dans un environnement musical ?
CAMILLE YEMBE: Pas du tout. Mes parents ne viennent pas de là. Je n’ai aucune formation. Je ne connais même pas le solfège... Ma culture musicale s’est construite au contact de télécrochets comme The X-Factor ou Nouvelle Star. Je m’identifiais à fond à certaines participantes. Lors de la première saison de The X-Factor, par exemple, il y avait Rachel Crow, une fille de 13 ans. C’est grâce à elle que j’ai découvert Etta James ou les Rolling Stones. En la voyant, je me suis vraiment projetée. Nous avions quasiment le même âge. À un moment, j’ai acheté une guitare bon marché. Je m’enfermais avec dans ma chambre, et je suivais des tutos sur YouTube, en essayant de rejouer les tubes que j’entendais à la télé. Je rêvais de devenir chanteuse.

À quel moment franchis-tu le pas qui sépare le rêve de la réalité ?
YEMBE: Mon rapport à la musique a pris un tournant personnel durant l’adolescence. À 16 ans, j’ai dû quitter le foyer familial. Émotionnellement, c’était une période compliquée. À partir de là, la musique devient un refuge, mon seul moyen d’échapper à la réalité. À l’époque, je m’extirpais du quotidien en écoutant des chansons du matin au soir. Puis, seule dans mon coin, j’enregistrais des petites reprises. Pour moi, l’industrie musicale était un mystère, un lieu inaccessible. Pour essayer de m’en approcher, j’ai eu l’idée d’envoyer une vidéo à quelqu’un que j’aimais bien. J’ai songé à Diam’s, mais aussi au rappeur belge Gandhi. À l’école, on était super fan de son morceau ‘Erreur Fatale’. Je m’imaginais déjà faire un duo avec lui... C’était un délire, bien sûr. Mais j’ai tenté le coup. Je lui ai envoyé une petite vidéo comme on jette une bouteille à la mer...

Cette vidéo marque-t-elle le début de ta carrière ?
YEMBE: D’une certaine façon. Parce que Gandhi me répond. Il me dit que le mieux serait de se rencontrer dans un studio d’enregistrement. Mais qu’il faudra faire preuve de patience. Parce qu’il s’apprête à partir à Kinshasa pendant deux mois pour y enregistrer un album. Là, c’est la magie des calendriers : je dois également partir là-bas, au même moment, pour retrouver mon père que je n’ai plus vu depuis neuf ans... Je rencontre donc Gandhi en République Démocratique du Congo, alors que nous sommes tous les deux originaires de Bruxelles. Il m’accueille dans le studio où il travaille. C’est mon premier contact avec la profession artistique. Là-bas, nous enregistrons un titre ensemble. Il s’appelle ‘4 Saisons’.

« Quand j’ai entendu Stromae dire mon nom, je me suis dit que j’étais probablement dans le bon »

Camille Yembe

L’expérience acquise à Kinshasa rejaillit-elle dans tes propres chansons ?
YEMBE : Pas directement. De retour à Bruxelles, j’entame des études. Commerce extérieur. Ce choix me convainc moyennement. Toutefois, je m’engage dans cette voie. Parallèlement à ça, je garde contact avec Gandhi qui, un jour, me pose une question fondamentale. Pourquoi ne pas écrire mes propres chansons ? Sur ses conseils, je me lance. J’aime ça. L’écriture devient une passion. Je fais lire mes textes à Gandhi. Il valide mon taf. C’est encourageant. À un moment, il m’explique que l’actrice Stéfi Celma (révélée pour son rôle de Sofia Leprince dans la série Dix pour cent, Ndlr) est intéressée par ‘mon beau garçon’, l’un de mes morceaux. Mon premier réflexe, c’est de l’envoyer sur les roses. Je ne vois aucune raison de lui refiler une de mes chansons ! À l’époque, je suis complètement novice. Je ne connais même pas l’existence du métier de parolière... Gandhi me l’explique et je comprends tout l’intérêt de la chose. À cette période, je mets un terme à mes études. J’enchaîne des jobs alimentaires : vendeuse pour une grande enseigne vestimentaire, serveuse dans des bars du quartier Saint-Géry. Je suis payée au lance-pierre. Finalement, je trouve un emploi stable comme standardiste chez Vivaqua, la compagnie des eaux en Région bruxelloise. Je pense y rester quelques mois. Au bout de quatre ans, je suis toujours là... J’ai le sentiment de passer à côté de ma vie. Je tombe en dépression. Et là, Gandhi m’appelle. Il me raconte que Damso travaille sur la direction artistique de la chanteuse Eva Queen. Il veut que je l’accompagne en studio...

Peut-on parler d’un moment décisif ?
YEMBE : Complètement. Ce jour-là, j’arrive avec Gandhi dans un studio d’enregistrement. Il me présente à Damso et Eva Queen, en leur demandant de m’écouter... Moi, je sors de nulle part. Dans mon for intérieur, je me liquéfie. Sans trop savoir comment, je parviens à sauver la face. Je garde mon calme, j’explique ma méthode de travail. Au départ, j’étais là pour une chanson. À l’arrivée, j’ai quasiment écrit tout l’album. Cette session marque un tournant. Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression d’être à ma place. C’est une révélation. Au lendemain de cet épisode, je prends la décision de quitter mon travail pour me consacrer entièrement à la musique.


En janvier 2025, Stromae prend la parole lors de la Belgian Music Week afin de soutenir une voix émergente de Belgique. Et là, il explique au public qu’il faut absolument découvrir ‘Plastique’, un morceau chanté par une artiste du nom de Camille Yembe. Vous vous connaissez ?
YEMBE : Ah non, je ne l’ai jamais rencontré. Pour moi, Stromae, c’est d’abord une influence majeure. Je suis hyper fan. C’est peut-être l’artiste que j’admire le plus au monde. Entendre mon nom sortir de sa bouche, c’était complètement irréel. Difficile à croire... J’ai pris sa déclaration comme une forme de reconnaissance. Jusqu’alors, je me sentais illégitime, ultra complexée. Parce que je ne sais pas lire la musique, que je n’ai aucune formation, que je bricole un peu au piano, que je joue vaguement de la guitare. J’ai toujours eu le sentiment de devoir passer un examen devant le grand tribunal de validation de la musique. Quand j’ai entendu Stromae dire mon nom, je me suis dit que j’étais probablement dans le bon.

Ton premier EP s’appelle Plastique. C’est une allusion à la carapace que l’on s’impose en société, à cette « peau en plastique » que l’on porte en fonction des circonstances et des contextes. Est-ce facile de s’en débarrasser ?
YEMBE : Pas vraiment. Actuellement, j’aspire à l’épanouissement. Je suis dans une quête de liberté. Mais sur ma ligne du temps, c’est récent. Dans mon cercle familial, j’ai longtemps évolué sous un camouflage. Dans le boulot, c’était encore pire. J’avais l’impression de jouer un rôle, de faire semblant. Personne ne me connaissait vraiment. De retour chez moi, c’était le gros malaise. Pourquoi cacher sa personnalité ? Pourquoi se planquer derrière de faux-semblants ? Dans ma vie, j’ai souvent craint d’être jugée ou incomprise. Cela m’arrive encore. Mais je sens que je suis dans un processus d’acceptation, sur le chemin du changement.

SLT062025 Camille Yembe

Kwabena Sekyi Appiah

| Après une session d'enregistrement aux côtés de Damso et Eva Queen, Camille Yembe décide de tourner une page : elle quitte son poste chez Vivaqua pour se consacrer pleinement à la musique.

Au niveau des influences, tu cites volontiers Thom Yorke, Charles Aznavour, Kendrick Lamar ou Christine and the Queens. Tu réunis toutes ces références sous l’enseigne « nouvelle pop ». Ça veut dire quoi ?
YEMBE : Déjà, en naviguant entre les genres et les époques, j’évite d’être cataloguée. Avant de sortir mon EP, j’appréhendais les interviews. Parce que les journalistes veulent toujours connaître le style de prédilection de l’artiste. Moi, j’éprouve autant d’amour pour Charles Aznavour que pour Damso et Aretha Franklin. Mais je ne sais pas ce qui relie ces trois noms. La « nouvelle pop », c’est ça : un terme qui raconte la diversité de mes influences. Les gens de ma génération ont construit leur culture musicale dans la dispersion la plus totale. Nous n’avons pas grandi avec le rock, nous n’avons pas assisté à la naissance du hip-hop. La soul était déjà là, l’électro et la chanson aussi. Pour moi, tout est arrivé plic-ploc via les télécrochets, les MP3, les vidéos YouTube et les plateformes de streaming. Mon ambition est d’être plus iconique que mes sons. Dans ma musique, le liant, c’est ma personnalité, mon écriture, ma façon de chanter, de poser le flow. Utiliser le terme « nouvelle pop », ça correspond plutôt à l’envie de laisser toutes les portes ouvertes.

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui veut se lancer dans la musique ?
YEMBE : D’abord, rester soi-même. Parce que la musique qui touche les gens, c’est celle qui ne triche pas. Il faut incarner les chansons avec ses propres valeurs et ses influences musicales. Et tant pis si ce n’est pas le chemin classique ou la tendance du moment. Ensuite, il faut oser. Cela passe par l’expérimentation mais, surtout, par un goût du risque. Mieux vaut écouter son instinct que de se poser mille questions. Profiter de l’instant et apprendre de ses erreurs.

Couleur Café 2025

Op 27, 28 en 29 juni nam Couleur Café opnieuw zijn intrek in het Ossegempark aan het Atomium. Ook BRUZZ was er bij met interviews, nieuws, sfeerverslagen, foto's en nog veel meer.