Saskia Vanderstichele

Column

Première chronique de La Morrigasme: 'Ni stigmatiser. Ni édulcorer'

La Morrigasme
© BRUZZ
17/01/2025
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La Morrigasme, performeuse érotique, professeur de pole dance et domina, écrit tous les quinze jours pour BRUZZ une chronique sur le monde du travail sexuel à Bruxelles.

En Juin 2018, je participais un peu par hasard à mon tout premier cours d'initiation de pole dance. Moins d'un an plus tard, je me retrouvais assis.e en lingerie sur les genoux d'un parfait inconnu, éméché, en érection et passablement irrespectueux, qui me glissait une liasse de billets dans le soutien-gorge à l'occasion d'une soirée privée pour un enterrement de vie de garçon.

Au fil des années, je me suis professionnalisé.e. D'une part dans le métier de performeureuse de cabaret où j'y ai développé une carrière purement artistique. De l'autre, dans le métier de travailleureuse du sexe, parfois en privé, parfois en clubs.

'Travailleur.euse du sexe' est un terme parapluie regroupant les prostitué.e.s, les acteur.trices de contenus pornographiques, les strip-teaseur.euses, les dominateur.trices, les 'camboys.girls', etc... Qu'ils soient en présentiel ou en virtuel, tous ces métiers ont en commun le fait de fournir un service sexuel en échange d'argent. Et non, 'service sexuel' ne veut pas forcément dire 'sexe pénétratif'.

Quand le terme 'travail du sexe' est prononcé, les réactions en face sont généralement polarisées.

Soit il est réduit au traffic humain, au misérabilisme et on ne peut pas percevoir les travailleur.euses autrement que comme des victimes, d'autrui ou d'elles-mêmes.

Soit il est édulcoré. On parle d'argent facile, de liberté et d'émancipation du corps dans un discours assez superficiel.

Quand le terme 'travail du sexe' est prononcé, les réactions en face sont généralement polarisées.

La Morrigasme

Aujourd'hui ma manière d'aborder mon expérience de travailleuse du sexe (en tant que strip-teaseureuse et domina occasionnel.le) est placée sous le signe de la neutralité. C'est un métier qui me passionne mais qui reste dur. Je n'encourage personne à le débuter car bien que je me positionne pour qu'il soit considéré en tant que « métier comme un autre » au niveau des droits de celleux qui le pratiquent, j'insiste sur le fait qu'il s'agit de métiers à risques, qui nécessitent une sacrée force mentale et qui ne sont pas fait pour tout le monde.

Comme dans tout métier il y a des hauts et des bas. Le monde de la nuit exacerbe nos natures profondes. Les hauts y sont très hauts et les bas très bas. Cette activité m'a apporté aussi bien de grands éclats d'euphorie et des rencontres magiques, que des violences subies et de profonds moments de détresse.

Ni stigmatiser. Ni édulcorer

Depuis quelques années, je tiens des journaux où j'y écris mes réflexions directement tirées de mes pérégrinations en territoire de l'érotisme tarifé. J'écris sur le rapport à son propre corps et à celui de l'autre et sur les relations hommes/femmes de manière générale. Et de manière plus légère, j'y retrace des anecdotes, des pépites de clients, des expériences hors-normes mais toujours dans le respect de l'anonymat des personnes et des lieux impliqués. Ces journaux serviront de base aux prochaines chroniques publiées ici.

Mon point de vue est purement subjectif et ne saurait être représentatif des vécus des travailleur.euses d'une industrie toute entière. Je ne suis porte-parole que de ma propre expérience

Column La Morrigasme

De erotische performer, paaldansdocent en domina Le Morrigasme deelt om de twee weken een dagboekfragment. Daarin deelt die gedachten, die voortkomen uit hun omzwervingen in de wereld van sekswerk.

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